En officialisant leur partenariat par la signature d’une convention, le 30 septembre 2013, l’Autorité des marchés financiers et l’Institut national de la consommation ont conforté leur implication complémentaire pour mieux informer et protéger les consommateurs de produits et services financiers vis-à-vis de leurs risques et caractéristiques spécifiques.

Gérard Rameix, président de l'AMF; Francis Amand, président de l'INC; Fabienne Chol, directrice générale de l'INC; et Natalie Lemaire, directrice des relations avec les épargnants à l'AMF. (photo © GPouzin)

Gérard Rameix, président de l’AMF; Francis Amand, président de l’INC; Fabienne Chol, directrice générale de l’INC; et Natalie Lemaire, directrice des relations avec les épargnants à l’AMF. (photo © GPouzin)

« Quelles que soient les dispositions législatives, aussi bonnes et protectrices soient-elles pour les consommateurs, elles ne sont efficaces que si elles sont connues et comprises. Or, les produits financiers sont extrêmement complexes », résumait Francis Amand, président de l’Institut national de la consommation (INC) à l’occasion de la signature de sa convention de partenariat avec l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Pédagogie
« Un investisseur averti est d’abord un consommateur avisé. Ce consommateur avisé doit être informé des caractéristiques essentielles du produit qu’il achète, de son prix et des garanties qui l’entourent », complète Gérard Rameix, président de l’AMF. Du point de vue du gendarme de la Bourse, ce partenariat avec l’INC «  permet d’assoir auprès du grand public la notoriété de l’AMF, parfois vue comme extrêmement technique ».

« Les sondages montrent la connaissance très lacunaire des produits financiers, puisque 30% des Français ne connaissent pas la corrélation entre rendement et risques des placements, observe pour sa part Francis Amand. L’INC peut mobiliser son expérience de soutien aux associations de consommation et de pédagogie envers le grand public pour améliorer cette connaissance. »

La volonté de l’AMF d’être plus proche des consommateurs avait été confortée dès 2010 par la nomination de Natalie Lemaire à la tête d’une nouvelle direction des relations avec les épargnants. Les premiers rapprochements avec l’INC datent de cette époque.

L’AMF a ainsi déjà participé à la réalisation avec l’INC de cinq émissions « Consomag », épisodes pédagogiques de deux minutes diffusés sur France Télévisions (France 2, France 3, France 4, France 5, France 0 et en rediffusion sur www.pluzz.fr). Concrets, les sujets portaient notamment sur « les questions à se poser avant d’épargner », « investissements financiers : les pièges à éviter » ou « les frais des placements financiers ». « En 2010 nous avons commencé avec un premier Consomag sur les sites de trading de devises, explique le président de l’INC en observateur avisé. J’ai deux fils fous d’internet qui ont été accrochés par des publicités leur faisant miroiter qu’ils allaient gagner beaucoup d’argent ».

Cinq nouveaux épisodes sont en projet. On y reparlera des frais de gestion des placements « qui écornent le rendement des actifs dans des proportions importantes », rappelle Francis Amand. On abordera encore « les publicités sur produits financiers et leur nécessaire décryptage », un rappel opportun quand leur caractère trompeur vient d’être à nouveau condamné. « Le fait que les arbres ne montent pas jusqu’au ciel est un proverbe boursier qui ne semble pas connu du grand public », commente sobrement le président de l’INC. Un épisode est aussi prévu sur les placements atypiques.

Protection
Deux exemples évoqués à ce sujet illustrent l’importance de mieux protéger les épargnants les plus vulnérables, surtout face aux placements qui n’en sont pas. Interrogé sur les placements atypiques en forêts, vins, diamants, containers, panneaux solaires ou autres lettres et manuscrits anciens à la cote soi-disant prometteuse, le président de l’AMF reconnaît la difficulté de lutter à armes inégales contre ceux qui exploitent la crédulité des gens pour soulager leur portefeuille. « Juridiquement, la capacité d’action de l’AMF est restreinte dans ce domaine car elle repose sur la réglementation des investissements en « biens divers« , rappelle Gérard Rameix ; tandis que les acteurs de ces marchés se placent souvent à la limite du domaine couvert par cette réglementation, pour ne pas avoir à passer par l’autorisation de l’AMF. » Concernant les pseudo-placements en lettres et manuscrits, il estime par exemple qu’ils font l’objet d’une « vente assez dynamique, pas colossale au plan macro-économique mais qui peut faire des dégâts non négligeables auprès des épargnants ». Une adaptation de cette législation est en cours.

Dangereux paris sur le Forex
C’est aussi le cas des sites de paris sur les devises, dits de « trading forex ». Le principe de ces sites est très pernicieux car « ils proposent d’abord un compte d’essai virtuel, avec lequel l’internaute commence par gagner, explique Natalie Lemaire. Une fois en confiance, il ouvre un compte réel où il commence à perdre. On lui explique alors que c’est parce qu’il ne mise pas assez, qu’il faut qu’il augmente le volume de ses opérations, et qu’il faut retirer ses protections de « stop-loss » qui pénalisent ses opérations ». C’est là que le forex devient très dangereux.

« La quasi-totalité des transactions de particuliers sur le forex sont perdantes. Ce n’est pas 50/50, loin de là, déclare Natalie Lemaire. Et surtout, comparé aux sites de Poker, on peut perdre 400 fois sa mise. On voit des situations dramatiques car beaucoup de ces sites opérant en France sans agrément, effectuent un démarchage forcené auprès de publics vulnérables, des chômeurs, personnes âgées ou des gens malades qu’ils vont chercher avec un harcèlement infernal. »

Le partenariat entre l’AMF et l’INC devrait contribuer à mieux alerter le grand public pour le protéger de ces situations que l’institut de la consommation avait du mal à anticiper. « L’INC ne voit les désastres qu’une fois que les consommateurs sont confrontés à un problème, reconnaît Francis Amand, il est nécessaire de pouvoir collaborer avec l’AMF qui a une meilleure appréciation technique des problèmes qui peuvent se poser en amont. »

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