A deux semaines du grand débat public organisé au CESE le 30 janvier 2014 à 14h sur le thème « Statistique et Démocratie : à quoi servent les chiffres ? », Deontofi.com complète sa série d’articles consacrés à ce sujet. Après le « point d’étape d’un scandale statistique mondial ! » et Statistiques : à quoi servent les chiffres ?, nous revenons sur les secrets de fabrique de l’indice des prix à la consommation (IPC), indicateur le plus suivi, au cœur des enjeux de la statistique publique, comme en témoignent des éléments évoqués à la dernière assemblée générale du Conseil national de l’information statistique (Cnis.fr).

Avec 200.000 relevés de prix et 40.000 tarifs collectés par mois, l'indice des prix de l'Insee est le plus fiable. (photo © GPouzin)

Avec 200.000 relevés de prix et 40.000 tarifs collectés chaque mois, l’indice des prix à la consommation de l’Insee est le plus fiable. (photo © GPouzin)

Le besoin de données statistiques n’est pas près de se tarir : “Dans un monde plus complexe, avec l’accroissement de la diversité des situations et des inégalités, la difficulté de rendre compte de la réalité économique et sociale s’aggrave, alors que les utilisateurs de statistiques expriment des demandes de plus en plus nombreuses et plus exigeantes, a souligné Philippe Cunéo, directeur de la méthodologie à l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Pour améliorer la satisfaction des utilisateurs de statistiques dans un contexte de réduction budgétaire, il faut innover. L’Insee a, en effet, vu fondre ses effectifs de 18% en dix ans, de 6.450 personnes en 2002 à 5.275 en 2012.

Utilisé et surveillé par tous, l’indice des prix concentre les critiques et les enjeux d’innovation et de modernisation des statistiques pour répondre à l’évolution des besoins. Bien connu des consommateurs, l’IPC sert à fixer les pensions alimentaires, négocier les salaires, mesurer le gain de pouvoir d’achat d’un placement, ou la croissance du PIB “déflatée” de l’érosion monétaire.

Face aux critiques des consommateurs qui ont une perception de l’inflation différente de celle relevée par les statistiques, le Cnis avait commandé deux rapports, dès 2007, sur la mesure de l’inflation et du pouvoir d’achat, qui ont donné lieu à des innovations importantes comme la possibilité pour chacun de se constituer un indice des prix adapté à sa situation (outil disponible ici), selon son mode de vie, ou l’accès facilité aux historiques de prix relevés par l’Insee pour les comparer avec les souvenirs qu’on en a (accessible par ici, choisir le sous-dossier « Prix moyens à la consommation »).

Parmi les innovations à venir, le Cnis a examiné, en 2011, un rapport sur l’utilisation des tickets de caisse de la grande distribution pour établir l’indice des prix, suivi d’une expérimentation avec certaines enseignes. Actuellement, l’indice des prix requiert le travail à plein temps de quatre-vingt personnes en plus des cent quarante enquêteurs qui effectuent chaque mois 200.000 relevés de prix dans 27.000 points de vente sur le terrain, auxquels s’ajoutent 40.000 tarifs collectés par ailleurs. Ce seul indice (et ses déclinaisons, avec ou sans tabac, ménage urbain ou non, métropole ou France entière, etc.) coûte 6 millions d’euros par an à réaliser (préparation, outils, enquêtes, calculs, etc.).

À l’avenir, les données des tickets de caisse amélioreront le suivi des prix (mais aussi des quantités, des promotions, etc.) pour un coût moindre. Mais cela nécessite une mûre préparation et un investissement initial. D’abord, l’indice doit rester fiable : l’exploitation des tickets de caisse, comme les relevés actuels en grande distribution, ne représente que 15% des relevés de prix sur le terrain, qui eux-mêmes ne comptent que pour 70% de l’indice des prix.

Après la phase expérimentale de 2013, une validation par le Cnis et l’Insee permettront un développement de cette innovation en 2014, l’année du centenaire de l’indice des prix, créé en 1914. Mais l’exploitation des tickets de caisse n’entrerait en vigueur qu’en 2015, année de changement de base de l’indice  – l’IPC actuel est “base 100 en 1998”– et serait donc pris en compte pour les indices publiés à partir de 2016.

Si ces questions vous intéressent, participez au débat du jeudi 30 janvier 2014 à 14h au Conseil économique et sociale et environnemental (CESE place d’Iéna formulaire d’inscription ici).

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