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(Tout le procès Pérol ici) Pérol6. Lundi 22 juin 2015, premier jour du procès Pérol, audience de l’après-midi, avant-dernier compte-rendu : l’ex-secrétaire adjoint de l’Elysée répond aux questions du juge sur l’intrigue ayant poussé à démissionner les patrons des Caisses d’épargne et Banques populaires, avant que leurs successeurs soient écartés au profit de François Pérol.

En créant Natixis au mépris de la Caisse des dépôts, les Caisses d'épargne et les Banques populaires ont semé la graine de leur future discorde : chaque banque accusant l'autre de causer sa ruine avec cette incontrôlable banque-casino. (photo © GPouzin)

En créant Natixis au mépris de la Caisse des dépôts, les Caisses d’épargne et les Banques populaires ont semé la graine de leur future discorde : chaque banque accusant l’autre de causer sa ruine avec cette incontrôlable banque-casino. (photo © GPouzin)

 Reprise de l’audience à 17h30. Le président du tribunal, Monsieur Peimane Ghaleh-Marzban, poursuit le fil de son audition de François Pérol :

– En septembre 2008, Charles Milhaud, président des Caisses d’épargne, est engagé dans un process de fusion avec Philippe Dupont, président des banques populaires, en accord avec les autorités de la place.

– C’est le sujet évoqué de la part des deux dirigeants auprès de moi le 6 octobre 2008, confirme François Pérol.

– Vous rencontrez Philippe Dupont le 1er octobre.

– C’est tout à fait possible. Le sujet est dans l’air. La seule fois où ils m’en parlent de façon sérieuse est le 6 octobre. Ils avaient demandé à me rencontrer. Le même jour il y avait une réunion de l’ensemble des banques à l’Elysée avec le premier ministre et le président, à des fins de communication pour montrer que les pouvoirs publiés étaient mobilisés. Ils m’indiquent leur projet de rapprochement de la Banques fédérale des banques populaires (BFPP) et de la Caisse nationale des caisses d’épargne (CNCE).

– Quand ils viennent vous voir, est-ce que la direction du Trésor, la Banque de France et le ministère des finances sont informés ?

– Je pense que oui Monsieur le président. L’autorité la plus importante sur le plan réglementaire qui agrée les dirigeants, c’est la Banque de France.

– Comolet dit, cote d212, que c’est lié à la perte de trading de CNCE.

– Elle est postérieure au 6 octobre.

– Vous dites « j’en ai parlé à Christian Noyer ». Quand est-ce que vous appelez Christian Noyer ?

– C’était il y a sept ans, il est difficile d’avoir un souvenir certain, mais je lui parlais tous les jours. J’en informe aussi le président de la République qui va les voir dans l’après-midi. Et je l’informe que, compte tenu des fuites déjà publiées dans Le Monde, les deux présidents peuvent être amenés à accélérer. Dans la même période BNP Paribas s’était engagé dans le rachat de Fortis et nous en avait informé, de même que les autorités et la Banque de France.

– Que répond-il ? Est-ce qu’il répond « vu » ?

– Il a dit oui.

– C’est une question que j’attendais pour vous poser, poursuit le juge avec une once de mystère. Est-ce que vous étiez un conseiller écouté ? Suivi ? Ou bien est-ce que le président allait voir Guéant pour un second avis ?

– Je crois que j’étais écouté en matière économique et financière. Cela ne veut pas dire qu’il ait suivi tous mes conseils.

– Ma question, insiste le magistrat : Si vous proposez un arbitrage au président de la République, il vous suit ?

– Je fais des suggestions lui permettant de montrer à ses interlocuteurs qu’il a l’information, esquive un Pérol conscient du danger.

– J’essaye de mesurer votre degré d’implication dans ce dossier, avoue le juge en sachant pertinemment que l’accusé ne partage peut-être pas cet objectif.

– Monsieur Musca ou un de ses adjoints m’en ont peut être parlé.

– Xavier Musca, entendu le 16 janvier 2014 raconte : « quelques temps après le départ de Milhaud, les deux groupes annoncent leur fusion. J’avais rencontré Monsieur Pérol avant, un soir et je me suis toujours demandé si la fuite venait de Monsieur Pérol ou Milhaud ».

– Sa mémoire lui fait défaut. Quant à imaginer que je puisse communiquer une information à un journal, c’est mal me connaître. J’ai pu commenter, mais je n’ai jamais communiqué une information à un organe de presse.

– Il y a une réunion dimanche 28 septembre 2008 à laquelle participent Xavier Musca, Christine Lagarde, Christian Noyer, etc… Étiez-vous présent ?

– Probablement. Elle est destinée à préparer les réponses à la crise financière. Des réunions comme ça, il y en avait tout le temps.

– Vous faites une note ?

– Le 25 septembre il y a le discours de Toulon, le 28 on remet sur le tapis l’idée d’une gouvernance et régulation financière mondiale. Comment convaincre nos partenaires qu’il est très important que les réponses à la crise soient coordonnées ?

– Nous avons une note de Philippe Delmas, président de Philippe Delmas inc., qui évoque « le désastre des caisses d’épargne », met en avant les actifs pourris, l’absence de discernement dans d’autres investissements comme Nexity. Selon lui «l’ivresse s’est emparée des Caisses d’épargne depuis la nomination de Mérindol. Il faudra traiter les questions de personnes. Il faudra protéger Milhaud en l’exfiltrant à Marseille, puis éliminer Mérindol. Il faudra donc le rencontrer ». Guéant vous la transmet en notant « qu’en penses-tu ? ».

– C’est une note d’officine, on ne sait pas bien d’où ça vient. J’imagine avoir répondu à Guéant que je ne savais pas le vrai du faux dans ce document, et j’ai dû le classer.

– Il y a une réunion le 4 octobre à midi, jour du sommet du G4 à l’Elysée, est-ce que vous rencontrez Philippe Dupont ?

– Je ne m’en souviens pas.

– C’est un détail, mais Philippe Dupont considère la fusion de BPCE comme consubstantielle du fait qu’il en prenne la direction. Vous partagez cet avis ?

– Oui, je partage cet avis.

– Charles Milhaud, cote d139, dit « c’est vrai que Philippe Dupont se voyait à la tête du groupe. Il dit : ce qui me gêne c’est que j’ai pu dire que Philippe Dupont devait prendre la direction du nouvel ensemble ». En fait, se disant que Dupont ne serait pas accepté par les Caisses d’épargne, il a peut-être été manœuvrier vis-a-vis de son actionnaire. A quel moment apparaît-il que Dupont ne sera pas président ?

– Je pense après le changement de direction aux Caisses d’épargne. Le 6 octobre ils me présentent leur projet avec Dupont à sa tête, et Milhaud se retirerait. Le désaccord final intervient fin janvier 2009.

– Sur le point 2 de la note de 2008 vous dites avoir parlé avec Christian Noyer, intervient la procureure qui attendait depuis un moment l’interstice pour poser sa question. N’aviez-vous pas un avis favorable sur la candidature de Dupont avec qui vous aviez pu faire connaissance quand vous étiez chez Rothschild ?

– Non, d’abord parce qu’il était président d’un des deux groupes, éconduit l’accusé.

– Donc vous avez partagé avec l’autorité de la Banque de France un avis sur la présidence du groupe ?

– Non, Mr Noyer n’a rien à faire de mon avis, c’est lui qui décide. Et je faisais des notes au président de la République, pas à Christian Noyer, tranche Pérol. C’était le groupe qui présentait le plus de risque systémique et d’actifs pourris, on sait déjà le 6 octobre que Natixis va mal, car exposé aux subprimes.

(Tout le procès Pérol ici)

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2 commentaires

  1. pigeonxxl, le

    après l’avoir vérifié a une écrasante majorité en attirant les pigeons sur les criminelles actions le groupe associé caisse d’épargne banques populaires banque d’affaire natixis ça va de la petite carambouille a la ruine criminelle légalisée ainsi vous pouvez programmer voila un vrai DANGER ! de malfaisants voleurs actifs jamais de malfaisants receleurs réactifs toujours : un placement sans histoire qui devait être prolongé un joli sourire pour m’accueillir un beau baratin pour m’endormir une envoutante danse du ventre pour me charmer et la somme du P.E.L. résilié reportée sur une assurance vie concoctée « caisse d’épargne » a la Bourse adossée au plus élevée , résultat des courses je dois supporter un allégement de 4500 euros !

  2. Couderc, le

    Je trouve votre article très intéressant . J’aurai besoin pour mon activité d’information sur les conséquences de la scission de la cdc et de natlxis sur le site de la rue de Lille ( baisse des effectifs et de l’activité à partir de 2008 ) .

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