« Donald Trump est un ami, j’irais à son investiture si je n’étais pas en prison », assure Jacques Sordes, alias Jack Sword, dans le box des accusés au procès de l’escroquerie Dom Tom Défiscalisation, méconnaissable par rapport à cette photo ancienne extraite de sa promotion sur Internet.

2ème épisode du procès de Dom Tom Défiscalisation, la plus grosse escroquerie à l’investissement défiscalisé en panneaux solaires Girardin industriel. Tout le sommaire des articles de Deontofi.com sur cette arnaque photovoltaïque ici.

– Pièce 36, feuillet 3, poursuit le juge : « on espère de premiers raccordements entre fin mars et fin juin 2010 ». Il n’y a encore aucun raccordement pour une activité commencée en 2007. C’est exactement ce qui a fait prendre peur à Esnault. Vous non ?

– Le contrat consiste à offrir quelques panneaux photovoltaïques au propriétaire contre la possibilité d’installer les nôtres, répond Stéphane Jacob, glissant comme une anguille. C’est ce que confirme Jacques Sordes à Vautel lors de la réunion de février 2010.

– Savez-vous qu’il y a des attestations ? Vous êtes au courant des réductions d’impôts ?

– Oui, mais je ne sais pas les démarches réalisées, persiste Stéphane Jacob avec un calme détaché qui fait réagir le procureur

– From Jack Sword to Lynx, mail cote 483117 : « Mes amis, voici ce que je propose, pour que ce jeu de virements intempestifs cesse dans les meilleurs délais (…). Désormais tout le monde respecte les règles. Seule Hedwige Scholastique est autorisée. Hedwige n’ordonne aucun virement sans mon accord… Personne n’est en copie en dehors de Michelle Scholastique [mère de la précédente]. Stéphane est toujours une personne de confiance mais, sauf exception, il n’intervient plus dans les procédures de virements ».  En gros, M. Jacob avait quand même des informations sur les comptes.

– Le 26 mai 2009, enchaîne le président, un certificat de revenus professionnels de Lynx fait état de 1,75 millions par mois, soit 21 millions pour l’année 2008, parce qu’il souhaitait faire des investissements aux Etats-Unis. On va poursuivre sur les éléments de faits reprochés.

– Je rappelle que M. Jacob est mis en examen pour exercice illégal du métier de banquier, alors qu’il est aussi mis en examen pour des points beaucoup plus graves, notamment escroquerie en bande organisée et blanchiment. Vous êtes allé voir M. Sordes car il connaît le Girardin et vous dites dans votre déposition : « j’ai été le voir pour qu’il nous dépêtre de mes Girardin ».

– J’ai précisé qu’il y avait deux plaintes, me concernant et Gilles Apateau, quand on a été voir Jack Sword…

– Pourquoi on produit ces pièces ? s’énerve son avocat, sentant que l’éteau se resserre autour de son client…

– Le tribunal ne juge pas là-dessus, tempère le président. M. Jacob, vous êtes mis en examen, cela peut donner un non lieu ou une condamnation. Pour l’instant, vous êtes présumé innocent.

Le juge fait néanmoins un rappel sur cet épisode avec la banque HSBC : Julien Vautel, qui avait un compte HSBC, se rapproche de sa conseillère, qui ne parvient pas à faire authentifier un document qui apparaît être un faux. Il apparaît, selon une déclaration de M. Stéphane Cohen Gaminaa, consultant indépendant, cote d792, qu’en février 2010 un intermédiaire s’associe pour obtenir un bank draft (droit de tirage) sur HSBC à hauteur de 100 millions d’euros, qui n’existe pas matériellement. Cote D1495, John Francis indique qu’il est erroné. M. Sordes, vos explications ?

– J’ai repondu, affirme Jacques Sordes sans broncher, comme pour 99% de tout ce qui se passait avec Gamina.

– Vous payez 280 000 dollars pour faire référencer ce document sur Euroclear ? Vous dites qu’on vous a parlé de cette garantie et que vous étiez d’accord ? demande le juge à Stéphane Jacob.

– Je me suis interrogé sur le fait que quelqu’un qui a une garantie de 100 millions ait besoin de 286 000 dollar. Je lui demande s’il a vérifié Je me dis qu’il s’occupe de tout et qu’on aura une garantie au nom de Lynx Industries. M. Cohen Gamina m’explique que, pour que l’accord de bank draft soit garanti, il doit y avoir une garantie d’une façon ou d’une autre, et qu’il nous revend la sienne.

– Tous les documents sont faux, relance le juge, la capture d’écran d’Euroclear n’a aucun sens. Pour qu’HSBC émette une garantie, il faut des documents, non ? Demande cette fois le juge à Jacques Sordes.

– Je ne suis jamais allé rencontrer HSBC, ni à Paris ni à Londres, quand j’ai demandé l’authentification des faux. J’ai fait mes démarches via M. Cohen Gamina.

– Il lui faut quand même des documents de votre société ?

– Ces documents pour les bank draft s’achètent et se vendent, selon l’explication de M. Gamina, je lui demande juste de les vérifier.

– Qui sont David Israelian et Simon Bulkanian, à qui vous confiez des procurations ?

– Ils sont présentés par Gamina.

– M. Gamina indique que des personnes proposent de s’associer pour avoir un bank draft, vous les avez vues ?

– Par mail.

– Avez-vous su que c’était un faux ?

– Je l’ai découvert à l’instruction.

– Vous avez dit au tribunal que vous reconnaissez un abus de confiance « moral », mais vous ne vous posez pas de question ?

– C’est concomitant avec trois dossiers déposés au ministère des finances par M. Thomas.

– Vous me parlez d’abus de confiance moral. Je n’étais pas bien, je ne suis pas venu quelques jours. Mais j’ai toujours été d’une intégrité totale, on ne peut pas me reprocher d’escroquerie. De ma vie, je n’ai jamais commis d’acte délictueux volontaire. J’assume mes responsabilités chaque fois que j’utilise l’argent pour mon bénéfice personnel, pour partir en voyage ou offrir des bijoux à ma compagne. Je suis fautif d’orgueil et j’avais la vanité de croire que je pouvais me l’offrir. Le courrier de Bernabé dit effectivement qu’on a utilisé l’argent en 2008 et en partie en 2009 pour des tests techniques. On a donné les attestations fiscales en toute bonne foi. Je ne vois pas ce que les parties civiles font ici aujourd’hui.

– M. Vautel dit : « nous avons rencontré le commercial de Sun. Jean-Pierre Pallier nous dit qu’il n’y a pas de stocks car ils n’ont pas payé Solar ». Après le voyage de Vautel en Chine, quels sont vos réflexions ? poursuit le juge.

– Ce n’est pas moi qui organise la visite en Chine, jai dit à Pallier que je n’avais aucun contact avec les clients. Cela s’est fait dans mon dos. Je mets au défi votre tribunal de trouver une seule pièce après avoir gardé un an mon ordinateur pour le fouiller. Effectivement, jai fait une joint-venture avec Pallier, il a abusé de ma confiance. J’ai loyalement versé 500 000 euros qu’il a détournés comme je l’ai découvert par la suite. Si les parties civiles sont honnêtes, elles savent que j’ai communiqué un dossier sur cette affaire.

– Vous saviez que Vautel allait en Chine ?

– Non.

– Palier: « j’ai eu Jacques Sword au téléphone, je lui ai dit Vautel se rendra compte quand il ira en Chine », lit le président en sortant un extrait du dossier d’instruction.

– Je m’interroge. C’est ma manière de répondre, s’énerve Jacques Sordes. Quand j’ai été arrêté en 2010, je revenais de Chine pour la fabrication des panneaux. Je démontre une bonne foi constante.

Le président lit un nouvel extrait de l’instruction : « au terme de manœuvres, M. Sword a conforté régulièrement l’apparence de l’ensemble de son système en faisant valoir la force de son montage. Il n’a de cesse d’asseoir son statut d’homme puissant. Il a mis en place des séminaires en 2010 pour montrer un projet d’envergure, notamment le projet GEM, présenté comme un groupe multinational dans le domaine du bien-être, il dit vendre des avions de chasse, être en relations avec Donald Trump dans l’immobilier ». Vos observations par rapport à ces éléments ?

– Je n’en rajoute pas, affirme l’accusé avec l’aplomb des mythomanes. Je donne des dates de mon CV sans rien cacher de mes périodes difficiles.

– Vous parlez de vos condamnations ? Vous dites avoir été injustement mis en cause ?

– C’est une réalité. En dehors de mon CV il n’y a que des photos pas trafiquées. C’est vrai que Donald Trump est un copain, on est amis.

– Quels investissements avez-vous effectués avec lui ?

– Si je n’étais pas en prison, le 20 janvier, je serais probablement invité à sa cérémonie d’investiture à la Maison Blanche. Ma société Candilis Design, dont je suis propriétaire à 100%, crée en 2003 ou 4, a fait la décoration de la Trump tower construite par Kandilis. Cest dans ce cadre que nous sommes devenus amis. Pendant dix ans, jusqu’à mon arrestation, j’avais ces fréquentations. Je suis invité dans la résidence du Grand Duc Alexandre à Belgrade, à l’anniversaire de la princesse Furtenberg… Je n’y peux rien et je demande pardon au tribunal.

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